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la chine et les déchets

Pour le meilleur et pour le pire

On pourrait penser que La Chine est dotée d’un système de recyclage efficace qui lui permettrait de revendre l’intégralité de la matière première importée ainsi que celle produite en son sein.

Cependant, la Chine est un pays très pollué sur plusieurs tableaux: air, eau, déchet,. Le système de retraitement des déchets de la Chine ne serait donc pas si optimisé. En réaction à cette réalité, elle a donc interdit l’import de plusieurs types de déchets.

“Les importations de déchets plastiques en Chine se sont envolées entre 2006 et 2012, passant de 5,8 millions de tonnes à 8,9 millions, soit une augmentation de 66 %.”

ISWA, Association internationale des déchets solides

“Marché mondial du recyclage des déchets plastiques, le cas de la Chine”

Décharge et déchet, une activité pilier de la Chine
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Travailleur triant les bouteilles plastique au village de Dong Xiao Kou village, à l'extérieur de Pékin - Fred Dufour - AFP - Getty Images

La Chine compte de nombreuses décharges sauvages et illégales. Wang Jiuliang, réalisateur de “Beijing besieged by waste”, estime qu’il y en a plus de 1000 autour de Pékin. Toute une partie de la population ramassent les déchets accumulés pour les revendre, manger ou s’habiller. Ils agissent dans les décharges mais aussi en ville.

En général équipés seulement de sacs et de pics, Ils utilisent parfois des machines pour collecter et broyer. Les ordures sont triées. Les biodéchets sont compostés et les matières recyclables, comme le PET des bouteilles, sont récupérées pour le recyclage. La majorité des déchets restent cependant dans la décharge et c’est 1400 tonnes qui s’ajoutent chaque jour.

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Ville - Décharge aux abords de Pékin - Soure: Beijing beesieged by waste

Ce système de traitement des déchets est un système économique à part entière et ainsi le métier de wastepicker est le deuxième en Chine après fermier. Leurs nombres se chiffrent entre 2,5 millions selon l’alliance global des waste pickers à une dizaine de millions selon Adam Minter, auteur du livre Junkyard Planet. Même si un développement de la protection de l’environnement se fait actuellement, l’activité de wastepicker est en priorité mis en place pour des raisons économiques dans le contexte de la Chine.

 

Passé: Priorité à la croissance

Mao Zedong parlait de “courber la tête des montagnes et faire remonter l’eau des fleuves”. Il avait la volonté de faire plier la nature pour la croissance. Cette influence a incité les secteurs les plus rentables à se développer sans préoccupation pour l’optimisation énergétique ou l’impact environnemental.

Ces objectifs ont notamment entraîné une augmentation de la consommation énergétique toujours basée à 60% sur le charbon donc extrêmement polluante sans prendre la peine d’améliorer le système d’apport énergétique.

Les activités mises en place à cette époque ont été la fonderie, le pressage de métaux ferreux, la production de produits minéraux et la chimie qui ont un fort impact négatif sur l’environnement lorsqu’il n’y a pas de système de retraitement de leurs émissions. La seconde activité des chinois, l’agriculture, provoque la pollution des eaux la plus importante.

Une volonté de changement

L’accumulation des ses facteurs négatifs pour l’environnement a entrainé plusieurs catastrophes environnementales notamment le smog permanent des villes chinoises. Jusqu’à 180 000 protestations, notamment violentes, de la part de la population contre les industriels, dont la moitié avec plus de 10 000 manifestants, ont eu lieu entre 2000 et 2013.

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Manifestants pour l'écologie en Chine

Source: https://www.novethic.fr/actualite/environnement/pollution/isr-rse/en-chine-500-manifestations-quotidiennes-contre-la-pollution-143976.html

En 2015, 1,6 millions de personnes sont mortes des conséquences de la pollution de l’air. C’est dans ce climat que l’Etat a mis en place le programme “Green Fence” et “National Sword” en 2018 entraînant l’interdiction de l’importation de déchet.

Des lois environnementales avaient précédemment été votées mais jusqu’à maintenant les subventions économiques destinées à la croissance ainsi que du lobbying provoquaient des incitations contradictoires. Lorsque les lois ne sont pas respectées, les moyens de les faire appliquer n’ont pas été mis en place par les autorités. La législation environnementale fonctionne alors sur un système discrétionnaire où les entreprises se rapprochent des législateurs pour avoir des passes-droits.

Ainsi, Jean-François Huchet, auteur de “La crise environnementale en Chine”, indique que le passage à une industrie respectueuse de l’environnement nécessiterait un aménagement industriel vigoureux.

Urbanisation

La Chine possède une particularité par rapport à sa démographie. Elle a la quantité de population la plus élevée au monde et une densité de plus en plus forte. Du fait de l’accroissement de la population et de l’exode rural toujours plus important, des travaux d’agrandissement des villes se font à vitesse rapide parfois à l‘endroit même où des décharges se tenaient précédemment. Cet étalement amène à une multiplication des foyers de pollution.

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Création de nouveaux immeubles près d’une décharge et de logements insalubres en Chine - Source :http://www.lefigaro.fr/international/2017/08/18/01003-20170818ARTFIG00043-chine-l-urbanisation-a-marche-forcee.php

L’urbanisation et l’enrichissement propre à La Chine créent des inégalités. Ces dernières amènent à des situations de rupture telles que des villes qui se créent spontanément au sein de la décharge tandis qu’à côté d’elle, on voit des terrains de golf et des enfants faire de l’équitation.

Ne pas réussir à gérer ses déchets internes

Aussi, la croissance économique a provoqué un enrichissement général de la population et une augmentation de sa production de déchets. Malgré l’impression que peut donner toutes ces importations, la Chine n’arrive pas à gérer ses propres déchets.

Il y a au moins deux raisons à l’importation des déchets qui sont :

  • la création d’un marché par l’importation de déchets étrangers

     

  • et la plus grande facilité de traitement de ces déchets que ceux en interne.

En effet, les pays exportateurs paient pour le retraitement de ces déchets. Ils ont aussi des systèmes de collecte et de tri efficients. Les conteneurs reçus par La Chine sont alors remplis de déchets recyclables. En Chine, toute la filière de tri est à mettre en place. Le gisement est important mais plus complexe à traiter.

 

Vers un futur propre ?

Face à cette réalité, la Chine prend le chemin de l’incinération ce qui est déploré par certains qui préféreraient la mise en place d’une politique de prévention de la production des déchets et de la surconsommation. Cette solution pourrait permettre le remplacement du charbon pendant un temps de transition vers d'autres énergies. Cependant, les incinérateurs mis en place jusqu’à maintenant ne respectent pas les normes environnementales et produisent des pollutions odorantes.

La Chine semble avoir les moyens, en tant que pays émergent, et deuxième puissance économique, de mettre en place un système de gestion des déchets qui éviterait les écueils des pays du nord développés dans les années 1970 et ainsi proposer un système de valorisation de la matière.

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Source : American Association for the Advancement of Science

En 2008, la Chine a passé une loi promotionnelle dédiée à l'économie circulaire qui est revu lors de la planification sur 5 ans du système chinois. En 2017, les chercheurs de l'Institut du développement et de la gestion durable de l'Université Tongji à Shanghai ont publié un modèle de travail sur la science de la soutenabilité qui consiste en trois cycles : la circulation des déchets, des produits et des services.

La Chine serait maintenant le pays meneur dans la poursuite d'une économie industrielle circulaire a un niveau scientifique.

Rédigé par Oriane Marignier pour Evercycle

Bibliographie

La crise environnementale en Chine: Evolutions et limites des politiques publiques, Livre de Jean-François Huchet

La transition écologique en Chine : mirage ou virage vert ? , Livre de Stéphanie Monjon et Sandra Poncet

Besieged by waste, Documentaire de Wang Jiuliang

The Circular Economy: A User’s Guide de Walter R. Stahel